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Les films de super-héros, le roi au bord du gouffre

Writer's picture: Mathieu FaisnelMathieu Faisnel

Marvel, porté par Disney avec Capitaine America imposa son bouclier au début des années 2010. Une trame narrative qui sera imitée par tous dont DC Comics. Cependant, en 2019, les icônes telles qu'Iron Man et Capitaine America, après une décennie de service loyal, tirent leur révérence. Après une décennie d’ascension fulgurante, rapportant plus de 7 milliards en 2018 soit 20% de part de marché, le genre génére à peine 3 milliards soit un part de marché inférieur à 10% en 2023. Le public et la critique sont de plus en plus déçu.


Les films de super-héros affichent des résultats décevants en 2023, après avoir été les maitres incontestés du box-office avant la pandémie, avec à leur apogée Avengers Endgame et plus de 2,5 milliards de dollars. En 2023, ils peinent à franchir la barre des 400 millions. Marvel a reconnu les échecs de ses films dont The Marvels à la peine avec juste 200 millions de dollars et n’a même pas attiré un million de spectateurs en France, le plaçant hors du top 50. DC Comics n’a pas conquit avec la suite d’Aquaman (400 millions contre plus d'un milliard pour le premier opus), ni The Flash (200 millions), et la suite de Shazam (130 millions contre 390 pour le premier). Les critiques de la presse et du grand public reflètent les chiffres : 5,6/10 pour The Marvels et 6,7/10 pour The Flash.


Un box-office divisé par deux


Chez Le Coup de Projeteur, nous avons analysé les chiffres du box-office qui ne sont pas forcément un gage de qualité des films, mais reflètent leur popularité et leur succès économique. Les chiffres sont clairs, les films de super-héros en 2023 ont encaissé une chute drastique dans le monde entier, aux Etats-Unis et en France. Premier film de super-héros Les Gardiens de la Galaxie 3 avec 850 millions dont 350 sur le territoire nord américain et une 4e place au niveau mondial et américain. Première fois que le top 3 n’est pas occupé et que le milliard n’est pas franchi par Marvel depuis 2012 (exception faite de 2017 pour le top 3 et 2016 et les années covid pour la barre des milliards). En France le film est encore plus bas se plaçant à la sixième place.


La pandémie a affecté l'ensemble de l'industrie cinématographique, et les films de super-héros n'ont pas été épargnés, avec une baisse à 4 milliards de dollars en 2022 (contre 7 milliards en 2019). Cependant, leur part de marché est restée stable en 2022, à 20%. Il est surprenant de constater que le désintérêt pour le genre n'est pas entièrement attribuable à la pandémie.


Un manque d'innovation


Deux grands acteurs dominent la production de films de super-héros : Disney avec Marvel, qui détient le monopole, et Warner avec DC Comics, qui vacille. Marvel étant en déclin, le genre tout entier en pâtit.


Marvel est arrivé sur la scène à la fin décennie des année 2000 avec Iron Man et Capitaine America, introduisant leur propre schéma narratif centré sur la naissance du super-héros. Pas nouveau sur le papier, la manière de raconter des histoires n’a pas changé depuis Aristote mais un renouveau qui a permis d’encrer Marvel comme maitre du genre. Cependant, après une décennie, le manque d'innovation a conduit à l'essoufflement du public. Les réalisateurs de films de super-héros, comme James Gunn, le soulignent eux-même : “Ils [les films] sont devenus paresseux […] J’aimerais voir d’autres genres d’histoires, plutôt qu’on me raconte toujours la même”. La fermeture des salles de cinéma n'a pas aidé, mais le simple spectacle ne suffit plus, surtout lorsque la qualité n'est plus au rendez-vous.


Des Effets Spéciaux et Visuels décevants


Les films de super-héros reposent énormément sur les effets spéciaux et visuels. Les fonds verts, les CGI sont les ingrédients principaux de ces films. Autrefois plébiscités, aujourd’hui décevants. Malgré des budgets colossaux avec des stars de renommée internationale, ces dernières années on a observé une baisse de la qualité des effets visuels. Il y a juste à regarder The Flash cette année, ou Black Widow en 2021. Pourtant les ordinateurs sont plus performants et les artistes plus qualifiés. Le problème vient de la cadence de production.


Le genre a connu une période de surperformance entre 2012 et 2019, battant tous les records. Passant de moins de 500 millions et 5% part de marché en 2011 à 2,5 milliards et 22% part de marché en 2019 aux Etats-Unis. Les productions ont augmenté le nombre de films qu’elles sortaient par an, jusqu’à trois, quatre alors que deux les années auparavant. Il fallait produire. Cependant, cette hausse de la production de films n'a pas été accompagnée d'une augmentation proportionnelle du temps de post-production, ce qui a contraint les artistes des effets visuels à bâcler leur travail.


La tendance à produire toujours plus rapidement ne permet pas le développement de films avec des récits et des personnages intéressants. Les suites s’enchaînent, les nouveaux héros ne remplacent que les anciens. Le public se lasse de voir la même chose sans intérêt. Avengers: Endgame a obtenu une note de 8,4 sur IMDB, tandis que The Marvels a seulement 5,6.


2019, le départ des cadors


Un événement majeur s'est produit après Avengers: Endgame, avec le départ de plusieurs figures emblématiques de Marvel, telles que Robert Downey Jr. dans le rôle d'Iron Man et Chris Evans dans celui de Capitaine America. Le remplacement de ces stars est difficile pour Marvel, car Iron Man est indissociable de Robert Downey Jr. et Capitaine America de Chris Evans. Même le Multiverse ne résout pas ce problème. Les nouveaux arrivants peinent à s'imposer, à l'exception de quelques-uns comme Tom Holland dans le rôle de Spider-Man (déjà présent avant 2019 toutefois). La relève n'est pas assurée.


En 2024, l'avenir du genre semble incertain. Disney réduit la voilure du côté de chez Marvel pour un retour de ses plus gros succès. Warner cherche à éviter les catastrophes chez DC Comics trop habitué allant jusqu’à annuler la sortie de films déjà fini comme Batwoman. Confiant l’univers à James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie), il espère redorer le blason dans les prochaines années. La tendance des super-héros semble s’éclipser face à une montée en puissance d’un autre genre : le biopic avec notamment Oppenheimer rapportant près d’un milliard cette année et nommé dans 13 catégories aux Oscars.

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