Dans l'univers complexe du cinéma, la distribution d'un film est un maillon essentiel, souvent mal compris. Les producteurs ne sont pas responsables de cette tâche. Celle-ci est prise en charge par un acteur intermédiaire connu sous le nom de distributeur. Les cinémas, quant à eux, sont appelés les exploitants, et ils entrent en jeu indépendamment du distributeur. Ainsi, le distributeur occupe une place cruciale, agissant en tant que lien entre les producteurs, les salles de cinéma et le public.
Souvent confondu et mal-cerné, le distributeur est une société à laquelle les producteurs cèdent les droits d'exploitation et parfois de vente des films. Ils sont chargés d'acheminer les copies du film vers les cinémas (les exploitants) et de mener des campagnes promotionnelles.
Il est naturel de s'y perdre entre ces trois acteurs : producteur, distributeur, et exploitant. Dans certains cas, une seule entité mère peut jouer ces trois rôles, bien que cela soit moins fréquent. Le producteur est chargé de trouver les financements et de superviser l'intégralité de la production du film jusqu'à sa version finale. Le distributeur entre en jeu pendant la phase de préparation du film, bien avant sa finalisation contrairement à ce qu’il pourrait être suggéré.
Comment expliquer cela ? Un peu plus haut, j’ai précisé que le producteur cède les droits d’exploitation du film. Il est évident qu’il ne les cède pas gracieusement. L’achat du distributeur est une source de financement. Loin d’être majoritaire mais non négligeable. Avant de lancer un film, le plan de financement doit être solide. Le producteur ne donnera jamais le “green light” si le financement est bancal.
En France, il existe différents types de distributeurs, bien que le processus soit similaire dans les autres pays.
Le distributeur indépendant
Le distributeur le plus courant en France est le distributeur indépendant. Non pas indépendant au sens “petit” distributeur comme on parlerai de film indépendant, mais au sens qu’il est uniquement cantonné dans son rôle de distributeur et n’a pas de filiale de production, ni d’exploitation.
Parmi les distributeurs indépendants français de renom, on peut citer Le Pacte, dirigé par Jean Labadie (le Spielberg de la distribution avec une dizaine de long-métrages distribués primés à Cannes). D’autres importants distributeurs sont, pour n’en nommer que quelques uns, Ad Vitam, SND, Diaphana, Bac films etc. Ces distributeurs sont principalement axés sur les films français, ainsi que sur quelques films étrangers, mais rarement sur des productions américaines majeures.
Le distributeur-producteur : les majors américaines
En ce qui concerne les majors américaines comme Warner, Disney, Century Fox, Universal, et Paramount Pictures, elles produisent et distribuent leurs propres films, détenant des filiales de distribution dans chaque pays où elles diffusent leurs productions. Un film américain (ou américano-britannique) tel qu’un Marvel est produit par Disney et distribué par Disney France. De par leur pouvoir, Disney a des filiales de distribution dans chacun des pays où il diffuse ses films. Disney va donner gracieusement à Disney France le film. Il n’y a que les plus puissants studios qui peuvent se permettre d’agir de cette manière.
Toutefois, certaines filiales de distributeurs de majors américaines distribuent également des films français qu’elles n’ont pas produits. Il acte dans ce cas tel que des distributeurs indépendants. Warner est particulièrement actif dans ce domaine, ayant récemment des films français tels que “Simone” et “Bernadette.”
Les circuits de cinéma
En plus des distributeurs indépendants et des majors américaines, il existe une troisième catégorie d'entités, les producteurs-distributeurs-exploitants. Cette combinaison d'acteurs, par ailleurs, est inexistante aux États-Unis en raison de la loi antitrust dite "Décret Paramount", qui interdit depuis 1948 aux majors de posséder leurs propres circuits de salles de cinéma. Il s’agit de UGC, Gaumont, Pathé, MK2 et UGR. Bien que peu nombreux, ils jouent un rôle majeur dans l'industrie cinématographique française.
Chaque maison de distribution a son propre domaine de spécialisation. Par exemple, Le Pacte se concentre principalement sur les films d'auteurs et les premiers films. En revanche, UGC et Gaumont se spécialisent dans les films populaires et les comédies, produisant peu de premiers films, mais distribuent quelques films d'auteurs de réalisateurs confirmés.
Cet article se concentre sur un aperçu des principales fonctions du distributeur sans rentrer dans les détails. Tout d'abord, le distributeur est chargé d'acquérir les droits de diffusion en salles, ainsi que de gérer la vie du film au-delà de sa sortie en salle, incluant la distribution en vidéo à la demande (VOD), des DVD, et les ventes internationales. De plus, le distributeur prend en charge la promotion et le marketing du film, ainsi que la stratégie d'exploitation, qui implique la détermination du nombre de copies du film à envoyer dans les cinémas et les salles ciblés. Un article ultérieur se penchera sur les rôles plus spécifiques du distributeur, y compris les aspects financiers et l'importance du box-office.
Les plateformes de streaming & le distributeur-diffuseur
Bien que cet article se concentre principalement sur la distribution en salles, il est important de noter que ces dernières années ont vu l'émergence de nouveaux acteurs majeurs dans l'industrie : les plateformes de streaming. Désormais, il est possible qu'un film, même réalisé par un cinéaste de renom avec un budget atteignant des dizaines, si ce n'est des centaines de millions de dollars, ne sorte pas en salle. Il n’est pas acte ici de débattre sur l'éthique des plateformes de streaming et leur influence croissante. Un futur article sur l’avenir des salles de cinéma et de la place du streaming viendra prochainement.
Lorsqu'il s'agit de plateformes de streaming telles que Netflix, Disney+, Prime, pour ne citer que les plus populaires, elles peuvent être à la fois productrices de leur contenu et distributrices. Cependant, il est rare qu'elles produisent tous leurs films en interne. Souvent, elles font appel à des sociétés de production pour réaliser les films. Un article à venir expliquera en détail le fonctionnement varié de ces plateformes de streaming. Néanmoins, prenons l'exemple de Netflix : il assume le rôle de distributeur-diffuseur. Un récent intitulé qui signifie qu’il distribue le film mais aussi l’exploite en le proposant sur sa plateforme. Un peu à la manière d'UGC ou Gaumont avec leurs propres productions.
Il est essentiel de souligner que la notion de distributeur-diffuseur s'étend également aux plateformes de partage de vidéos, telles que les réseaux sociaux ou YouTube. Dans ce cas, le producteur est l'utilisateur qui publie la vidéo, tandis que la plateforme se charge de la distribution et de la diffusion.

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